Après 20 ans de bons et loyaux services dans les jeux vidéo, John Madden, commentateur légendaire, n'en a pas fini de faire vendre des millions d'exemplaires de sa série éponyme, si bien qu'EA Sports nous a assuré de fêter dignement cet anniversaire. Mais après avoir enterré la forte concurrence en achetant la licence exclusive de la NFL en 2005, Madden aura-t-il encore les reins assez solides pour nous rapprocher de la simulation ultime ou va-t-il trouver un énième prétexte pour nous faire débourser 70€ ?
Tous les joueurs de la NFL mouillent le
maillot chaque année, pas seulement parce qu'ils ont peur de se faire choper
après avoir pris trop de dope, mais aussi parce qu'ils attendent de savoir qui sera sur la jaquette de chaque nouveau volet de Madden. Non pas qu'ils
veuillent absolument se trouver dessus... mais ils craignent sans doute la terrible malédiction qui frappe la
série depuis 2000. En effet, chaque joueur faisant la couverture du jeu peut être
certain qu'il verra sa prochaine saison pourrie par des blessures à répétition
ou de grosses baisses de performances. Mais la jaquette des Madden
annonce également les directions que prennent les développeurs dans l'amélioration
du gameplay. On a par exemple vu un nouveau système de plaquage dans la
version 2005, où le défenseur Ray Lewis exhibait toute sa rage, et le
système de passe fut modifié en 2006 avec l'apparition du quarterback Donovan
McNabb sur la jaquette. Et donc pour 2009, en accord avec les derniers volets
da la série, nous avons le droit au légendaire joueur qu'est Brett Favre, fraîchement... retraité.
Un mauvais présage avant même d'avoir le titre en main, ne manquant pas de
faire suer les sportifs du canapé
que nous sommes.
Set, Hut, Hut
Pourtant, tout commence très bien, comme à l'accoutumée.
On est accueilli par John Madden himself qui nous propose une série de tests
pour nous mettre bien en jambes et pour caler le niveau de difficulté du jeu.
Les menus sont toujours aussi fringants et on retrouve les modes de jeu
habituels, du simple match au très complet mais inchangé mode Franchise en
passant par le mode Superstar. Cette année, tout a été fait pour que le jeu
puisse être accessible à tous. Des explications très convaincantes nous sont fournies par le commentateur du match sur les actions que l'on vient de jouer, mais à des
moments aléatoires. Par exemple, si on a envoyé une vieille
pizza dans les bras d'un défenseur, on aura le droit à un petit sermon. Désormais,
il est aussi possible de remonter le temps après chaque action, de la
recommencer et ainsi de corriger son erreur. Quel affront pour les amoureux du sport !
J'imagine qu'Angel aurait enragé si JulienC avait pu avoir recours à ce genre
de sacrilège, notamment lors d'un fameux 13-0 à PES. Il ne tient qu'à vous d'utiliser
cette option de noob, néanmoins, si vous avez l'impression de vous être fait
voler sur une action par l'ordinateur, c'est une bonne occasion de vous faire
justice tout seul - à éviter en multi si vous voulez encore avoir des amis. On
est en droit de se demander si EA Sports a inclus ces fonctionnalités pour les
casual-gamers bushistes mais je préfère me dire que c'est une très belle
opportunité pour les néophytes européens. En revanche, concernant le jargon
propre au sport, toujours aucune explication, même après 20 ans. Il vous faudra
donc prévoir un certain temps d'adaptation pour pouvoir commencer à
entrapercevoir tout la technicité et la dimension tactique du football américain.
Enfin, pour ceux qui auraient hiberné ces dernières années, Madden a toujours été
une série intégralement en anglais. Cette édition anniversaire fête donc
dignement ce pied de nez aux Européens comme il se doit, en ne nous proposant toujours aucune localisation. Mais je reste intimement convaincu
qu'on garde mieux l'essence même du foot US avec l'anglais plutôt qu'avec une
traduction à côté du plaquage.
Oh, say ! Can you see...
Graphiquement parlant, ce n'est pas une énorme
claque, même si c'est quand même nettement plus beau que sur le 08. Néanmoins,
de nombreux efforts ont été fournis sur certains points, notamment au niveau
des animations qui se révèlent être super impressionnantes dans certains cas.
Les conditions météorologiques sont aussi très bien rendues pendant les matchs,
surtout la pluie, même si celle-ci n'a malheureusement aucun effet sur les
actions de jeu. Les stades fourmillent de détails, fini le villain
flou des opus précédents. On a bien affaire au plus beau Madden, voire même le
plus beau jeu de sport, jamais sorti. Un bémol toutefois : des baisses de
frame-rate se font parfois sentir, fort heureusement hors des actions de jeu, si ce n'est dans les kickoffs, et ceci sur 360 comme sur PS3. Étonnant de la part d'EA
Sports, surtout quand on sait que le frame-rate des précédents Madden sur PS3
avait été pointé du doigt par beaucoup. Du côté des commentateurs, surprise : Madden ne dit plus rien ou presque, la tâche revenant à Tom Hammond
et Collinsworth. Si ce dernier tient la baraque, son collègue devient lui, vite énervant. Et ce n'est pas la
playlist du jeu qui le sauvera, cette dernière devenant de plus en plus
quelconque au fil des années avec des morceaux
rock ou hip-hop qui se ressemblent tous.
Ballbreaker
Pas de réelle innovation de prime abord
dans Madden NFL 09. Pourtant quelques maigres subtilités sont à noter côté
gameplay, en particulier lorsque vous contrôlez l'attaque. On peut désormais
donner des ordres aux receveurs lors du 3eme down, pour qu'ils continuent sur
leur lancée si la tactique initiale est de courir sur seulement quelques yards.
Autre innovation vraiment intéressante cette fois, la possibilité de changer de tactique une fois son escouade placée sur le terrain et ce,
sans avoir à changer de formation. Cela évite de se retrouver avec des
receveurs en position de fullback (le gars costaud qui ouvre le chemin au
coureur en défonçant tout sur son passage). Cette année, par ailleurs, le
football américain s'inspire pour une fois de notre football puisqu'il est désormais
possible de célébrer un touchdown à l'instar du récent UEFA Euro 2008, c'est-à-dire
en dirigeant votre joueur vers les poteaux ou vers le public par exemple, après
avoir marqué. Ce sont quasiment
les seules nouveautés intéressantes de ce nouvel opus. "C'est tout ?! Et la défense
dans tout ça ?" me direz-vous... Le quasi-néant. Toutefois, il est à présent
possible d'exercer une double couverture sur un receveur, en particulier
lorsque celui-ci reçoit toutes les attentions de son quarterback. Cela n'étouffe
pas le receveur à proprement parler mais cela évite la catastrophe face à des
cadors, ce qui est toujours bon à prendre face à des quarterbacks encore une
fois trop précis dans leurs passes. Bref, avec ces nouvelles options pré-snap
(comprenez : avant chaque action), on ne sait plus où mettre de la tête et pour être
un maximum efficace, il faut donner tous ces ordres très rapidement. D'éternels
défauts persistent, comme les occasionnels problèmes de collisions, et il serait enfin temps qu'EA rehausse l'IA, depuis les grosses erreurs tactiques de
l'adversaire aux révisions vidéo en passant par ces crétins d'arbitres.
Boulevard of Broken Dreams
En guise de dessert, les gars d'EA Sports
ont décidé de nous gâter en créant enfin des championnats en ligne, ce dont
tout fan rêve depuis qu'il a goûté à Madden. Ils n'auraient pas dû. En roulant
en toute sécurité sur la route de l'exclusivité NFL, Madden déçoit même pour
son nouveau mode de jeu tant attendu. Techniquement, un championnat est composé
de 32 équipes. Oui mais si vous n'avez pas 32 potes atlantistes, ça devient le
drame, car il est impossible pour l'ordinateur de contrôler une équipe. Partant du
principe illusoire qu'un gamer français connaît tout au plus trois personnes qui possèdent Madden (et encore faudrait-il qu'elles jouent online), on se
retrouve avec des championnats insipides à trois ou quatre équipes sans playoff
ni Super Bowl, pourries en prime par un système de draft totalement foiré. Heureusement
que pendant les matchs, il n'y a pas de lag... Et ce n'est pas le nouveau modeMadden Moments, pourtant sympathique et dans lequel on peut revivre de grands
matchs de la saison dernière, qui me fera avaler la pilule aussi vite qu'elle
ressortira par l'autre côté.
We Won't Get Fooled Again
Finalement, peu avant la sortie
de Madden 09, on a appris que Brett Favre était sorti de sa retraite (au
contraire des développeurs) pour rejoindre les New York Jets, alors qu'il porte
son légendaire maillot des Green Bay Packers sur la jaquette du jeu. Ceux qui
en veulent une mise à jour peuvent la télécharger ici. Une anecdote qui laisse un goût d'inachevé, tout comme le
jeu en lui-même. Madden NFL 09 est certainement le meilleur de la série, rien
de plus, et c'est paradoxalement là le problème. Les graphismes ont de la gueule, tout
comme les animations, et le gameplay est toujours bien rôdé. Malheureusement,
les belles promesses s'avèrent totalement inexploitées, les développeurs préférant
faciliter l'accès au grand public plutôt que de contenter les aficionados du petit
ballon ovale. C'est loin d'être un mal en soi, puisqu'il est certainement le
meilleur opus pour ceux qui voudraient découvrir le football américain, mais il reste largement dispensable pour les autres. Cette saison encore, je vais me
retrouver à jouer à NFL 2K5 en espérant que l'année prochaine, EA Sports se sera
sorti les doigts du fondement et aura laissé tomber cette ligne de conduite que
certains bushistes arborent sur leurs t-shirts.
N.B. : Les versions PS3 et Xbox 360 étant quasiment identiques, les tests le sont également.